L’enseignement de la langue maternelle en Iran : manœuvre ou propagande ?
Les autorités iraniennes ont récemment annoncé un plan visant à enseigner la littérature des langues locales et ethniques dans les écoles, conformément à l’article 15 de la Constitution iranienne qui garantit ce droit.
L’Iran occupe des régions telles qu’Al-Ahwaz, l’Azerbaïdjan, le Kurdistan et le Baloutchistan, où vivent plusieurs communautés non persanes. Ces communautés ont été privées, durant des décennies sous le règne du Shah et du régime des mollahs, du droit d’apprendre leur langue maternelle.
Un plan récurrent, mais une simple mesure apaisante
L’annonce par le gouvernement de Masoud Bezeshkian, président de l’État occupant iranien, de l’approbation par la commission de l’éducation, de la recherche et de la technologie du Parlement iranien d’un plan détaillé pour l’enseignement de la littérature des langues locales et ethniques a suscité de vifs débats. Cette initiative soulève des questions sur ses véritables intentions : s’agit-il d’un effort sincère pour promouvoir les droits culturels et linguistiques des minorités ou d’une simple manœuvre politique pour calmer les tensions internes et externes ?
Ce plan, visant à enseigner les langues locales, ou « langues maternelles », dans les régions non persanes occupées par Téhéran, a été approuvé à cinq reprises au cours des 43 dernières années sans jamais être appliqué. Il est maintenant proposé pour la sixième fois. Cependant, les représentants du régime n’ont pas poursuivi les démarches pour sa mise en œuvre lors des tentatives précédentes, et certains n’ont même pas participé aux sessions de discussion.
Il convient de noter que la Constitution iranienne prévoit déjà la gratuité de l’enseignement des langues locales, ne nécessitant que la mise en place de mécanismes et de directives d’application. Par conséquent, l’approbation répétée de tels plans suivie de leur oubli suscite des doutes.
Par exemple, en 2019, ce plan avait été présenté par plusieurs députés, avant d’être abandonné, générant des débats animés. La répétition de cette initiative semble indiquer qu’elle n’est qu’un « apaisement temporaire » ou une « nouvelle propagande » du régime de Téhéran pour faire face à la montée de la colère parmi les peuples non persans et pour éviter les menaces extérieures.
Ainsi, le régime iranien tente de gagner la faveur des populations des régions occupées avec des décisions symboliques, sans lendemain. Il revient rapidement à une répression accrue contre ces populations après que les crises se soient apaisées.
Propagande politique dans un contexte de crises internes et externes
Dans un contexte marqué par des tensions croissantes, en particulier après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et la crainte de projets américano-israéliens visant à renverser le régime, l’Iran essaie, par cette « propagande » autour de l’enseignement des langues maternelles, de se présenter comme un défenseur des droits culturels et nationaux. Cependant, cette stratégie ne convainc plus les peuples non persans.
Les régions des peuples non persans
Al-Ahwaz :
Les Arabes ahwazis vivent dans une région riche en pétrole mais souffrent de marginalisation économique et culturelle. Malgré les promesses, de nombreux militants ahwazis ont été arrêtés pour avoir défendu leur identité.
Kurdistan :
Les Kurdes dénoncent une discrimination persistante et continuent de résister, soit pacifiquement, soit à travers des mouvements armés. La mémoire des massacres, comme celui de 1979 ordonné par Khomeini, reste vive.
Baloutchistan :
Les Baloutches subissent pauvreté et marginalisation. Depuis le massacre du « vendredi sanglant » de Zahedan en 2022, les protestations n’ont cessé.
Azerbaïdjan :
Les Turcs azéris, bien qu’ils soient la plus grande minorité ethnique d’Iran, se sentent menacés par les politiques persanes.
Que cache réellement ce plan ?
Face à l’escalade des protestations dans ces régions, ce plan semble être une tentative d’apaisement visant à réduire les tensions internes et à redorer l’image du régime. Toutefois, il n’y a aucun changement structurel dans la politique iranienne envers les peuples non persans. Ces démarches s’inscrivent dans une logique d’assimilation forcée, sans concessions significatives quant aux droits fondamentaux de ces communautés.